LES FEES




On peut voir dans ce roman les traces d´ anciens récits racontant l´amour du Héros et de la fée.

Laudine, la Dame de la Fontaine (il n´existe pas de Seigneur, en somme, mais seulement un défenseur de la fontaine), est une fée, la vision anthropomorphique et divinisée de la source elle-même. Comme beaucoup d´autres fées, elle retient près d´elle par ses enchantements et par l´amour un mortel ou un géant qu´ elle force à maintenir une coutume barbare, ou, pour le moins, très redoutable, car elle soumet à une rude épreuve le courage des plus vaillants.

L´amour des fées est la récompense du courage, mais cet amour se porte vers le vainqueur. Malheur au vaincu, tel Esclados, il est vite oublié. Elle donne à Yvain un anneau magique rendant invulnérable l´époux fidèle (on ignore si elle avait donné le même à Esclados, ce qui signifierait son infidélité puisqu´il est mort!) .

Un autre thème est le départ du mortel aimé, se lassant de la vie de délices (entrecoupée de périls) qu´il mène auprès d´elle, est pris par la nostalgie de son pays natal et de la société humaine, retourne dans le monde terrestre. Il doit ensuite regagner l´amour et le pardon de son immortelle amie.

Mais on peut aussi bien voir une fée en Lunette; l´anneau d´invisibilité donné par Lunette à Yvain, est un signe de féerie. Cette séparation dans l´aventure merveilleuse d´amour, entre une fée amante et une fée intermédiaire et conseillère, semble bien être un trait proprement celtique.

Ce schéma fondamental se retrouve dans nombre de récits Arthuriens où une fée subalterne amène le héros à la fée-amante.

La dame de Norison, au rôle épisodique, peut aussi être vue comme une fée. La suivante, fée-subalterne, trouve Yvain, le soigne à l´ aide d´onguent merveilleux, cadeau de la fée Morgain. Puis elle l´amène à la dame de Norison (la "fée-amante", même si elle ne tente que mollement de retenir Yvain). L´aventure féerique classique prend ici une forme très atténuée.

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